È UNA SFIDA
L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !
Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC
27 septembre 2024
Salle de répétition - Opéra Pavia
PARTIE 3
C’est un matin éclatant, où l’air de Pavia nous caresse comme une mélodie suspendue entre deux mesures de Don Quichotte, que nous nous dirigeons vers le théâtre pour rencontrer la responsable de production, Sara Vailati. La traversée de la ville nous donne l’impression de voguer sur une mer d’opéras, nos pensées se heurtant comme des vagues contre les récits qui s’enchaînent. Mais rien ne nous prépare à la rencontre avec Sara, une tornade d’énergie créatrice, un condensé de fougue italienne qui nous plonge immédiatement dans un grand film de Visconti, entre drame et passion bouillonnante.
Lorsque nous entrons dans son bureau, l’atmosphère se transforme : la pièce devient un plateau de cinéma. Sara, telle une professoressa Roberta en plein cours magistral, nous emporte dans sa passion comme un vent d’automne qui balaie les feuilles dans une danse irrésistible. Elle nous parle du projet phare de 2025 : Don Quichotte de Massenet. Sa manière de décrire chaque détail de cette production est si vibrante, qu’on pourrait presque entendre les violoncelles résonner dans la pièce. « Immaginate… » (Imaginez...) commence-t-elle, en dessinant des gestes amples dans l’air, comme si elle donnait vie aux personnages de Cervantès. Et nous, tout à coup, devenons Sancho Panza, béats, prêts à la suivre dans cette quête folle.
Elle me rappelle Roberta, notre prof d’italien à Venise, avec sa façon inimitable d’entrelacer le savoir et la passion. Mais Sara… Ah, Sara… Elle a ce petit quelque chose en plus, cette fougue dévorante, ce charme à l’italienne qui nous donne envie de tout abandonner pour plonger dans ses projets, dans ses rêves. Et là, d’un coup, la scène vire à la commedia dell'arte. La tension monte, non pas celle des cordes de Massenet, mais celle du désir sous-jacent, ce petit soupir cinématographique qu’on croirait tout droit sorti d’un film. On la regarde, fascinés, et sans s’en rendre compte, on est déjà séduits. On se sent prêts à s’embarquer, à lever l’ancre sur ce frêle esquif qu’est cette production, comme dans les grandes aventures à l’italienne, à la fois tragique et comique.
« È una sfida » (C'est un défi), nous dit-elle, les yeux brillants de l’excitation que seule la folie créative peut offrir. Quinze jours de répétitions. Quinze jours avant une générale piano. Un opéra en cinq actes, des solistes à faire pâlir d’envie la Scala, un chœur d’une quarantaine de personnes… Cinque atti in quindici giorni ! (Cinq actes en 15 jours) presque une course contre le temps, mais Sara ne cille pas. C’est une bataille épique, celle des bâtisseurs de théâtres à l’italienne, ces guerriers artistiques qui se lancent dans des constructions impossibles, érigeant des temples d’art en défiant les lois de la gravité, du temps et du bon sens. Chaque répétition est une pierre posée, chaque note, une brique ajoutée à cet édifice qui se dresse devant nous, grandiose, invincible.
Je pense aux bâtisseurs de théâtres en Europe, à ces pionniers du XVIIIe siècle qui ont littéralement soulevé des montagnes pour offrir au monde ces cathédrales de velours rouge. Leur détermination résonne ici, dans ce petit bureau, avec cette petite équipe, prête à affronter les tempêtes comme de vaillants marins. Le parallèle est inévitable : nous sommes embarqués sur le radeau de la Méduse, mais avec une telle passion à la barre, qu’on ne peut qu’espérer découvrir des contrées artistiques encore inexplorées.
Et le coup de grâce, le moment où tout bascule dans une épopée digne des plus grandes productions hollywoodiennes : Sara nous révèle que cette production ne s’arrêtera pas là. Non, mes amis, ce navire ne fera pas escale uniquement à Pavia. « Porteremo questa produzione in giro per la Lombardia » (Nous allons faire voyager cette production à travers la Lombardie), dit-elle avec un sourire éclatant, comme si elle venait de nous annoncer la découverte d’un nouveau continent. Brescia, Como, Cremona… Les noms claquent comme des fanfares triomphales. La scène s’étend, l’horizon s’élargit, et dans nos esprits, c’est toute une symphonie qui se joue, un crescendo monumental qui résonne à travers les vallées lombardes.
Nous sommes conquis. La passion est contagieuse. Nous voilà prêts à embarquer sur ce radeau, à affronter vents et marées, musiques et silences, pour rejoindre cette odyssée artistique. Et comme dirait l’expression américaine pour conclure cette grande scène : That’s the cherry on the cake !
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