SOUS LES ÉTOILES DE TOSCANE

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de Kristian FREDRIC

24 AOUT 2024

Hier, c’était le grand départ sur les traces de Puccini. Cette année, nous célébrons le centenaire de sa mort et les 70 ans du Festival Puccini de Torre del Lago. Une odyssée musicale en vue, et pas question de laisser tomber le maestro Callegari. Alors, même si mon cœur bat pour les galions plutôt que pour les engins motorisés, nous nous embarquons à travers les rails pour capturer un carrosse automatique à Mestre, direction notre destination finale.

Les premières encablures avec ma nouvelle monture ont été tout sauf tranquilles. Passer du doux rythme des alizés au rugissement d’un moteur bouillonnant, ce n’est pas une mince affaire. Mais en bon capitaine, j’ai pris la proue avec courage, et nous nous sommes lancés dans cette aventure terrestre. Et quel périple ! Plus de 161,987 milles nautiques, à contourner des villes légendaires : Padova, Ferrara, Bologna, en passant par Firenze. C’est en fin d’après-midi que nous avons finalement jeté l’ancre à Lucca, à l’Osteria Melecchi. L’aubergiste, aussi charmant qu’un personnage sorti de Tolkien, nous accueille avec un sourire et une histoire aussi ancienne que son établissement, que sa famille tient depuis plus de cent ans !

Lucca, nous apprend-il, est une étape de la Via Francigena. Ce chemin mène du Val d’Orcia à la basilique Saint-Pierre à Rome, un pèlerinage de douze jours à pied. Et là, une vision me saisit : moi, descendant de corsaires, arrière-petit-fils de Barbe Rousse, haletant, les pieds martyrisés par des ampoules indomptables, grimpant laborieusement les marches de la Basilique. Mais quelle folie ! Foi de Boucanier, jamais je ne me soumettrai à une telle épreuve !

Il me faut un remontant, et vite ! Je pars en quête d’une Trattoria qui apaisera ma faim et ma soif, tout en découvrant peu à peu cette ville toscane, bordée par la rivière Serchio. Je parcours son centre-ville, ceinturé de murs de la Renaissance, où les larges rues bordées d’arbres apportent une fraîcheur bienvenue en cette chaleur estivale. Lentement, je retrouve mes esprits. Et tiens donc, à Lucca se trouve la maison natale de Puccini. L’aventure prend des airs de chasse au trésor, digne des plus grands récits de Stevenson.

Et demain, une épreuve de taille m’attend : au cœur du trésor musical de Puccini, je m’apprête à capturer le joyau suprême, un grand air de Tosca. Rien que d’y penser, je me vois déjà en train de fredonner "E lucevan le stelle," cet air déchirant chanté par Mario Cavaradossi, l'amant de la cantatrice, juste avant son exécution. Sur la terrasse de la trattoria, je lève mon verre à Luciano Pavarotti, qui l'a interprété à merveille, et me surprends à chantonner les premières notes :

E lucevan le stelle,

ed olezzava la terra,

stridea l’uscio dell’orto,

ed un passo sfiorava la rena…

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